LETTRE OUVERTE A MES AMIS DES RÉPUBLICAINS DES Bouches Du Rhône. POUR UN CONCLAVE RÉPUBLICAIN…

L’affaire de la Métropole Aix Marseille prend depuis quelques semaines une telle intensité dramatique pour l’ensemble des élus et, singulièrement, pour ceux de notre famille politique qui se déchirent ouvertement, que je ne veux plus rester silencieux.
J’ai assisté, affligé, je dirais même sidéré, au dernier épisode de cette malheureuse saga, l’élection de Jean Claude Gaudin à la présidence de la métropole par une majorité étriquée, et dans un climat délétère où tout esprit de respect de l’autre a vacillé, voire s’est abandonné au tumulte des égos, des revanches à prendre, des insatisfactions de tous ordres. Et, aujourd’hui, nous ne pouvons-nous en prendre qu’à nous-mêmes : c’est de nos rangs que vient le désordre. C’est nous qui en portons la responsabilité. Même celles et ceux d’entre nous qui ne siégeons pas dans le conseil métropolitain, sommes atteints par le mal. Il serait vain de vouloir évaluer les responsabilités.

Elles sont certainement, comme bien souvent en pareil cas, partagées. Les marseillais et les aixois s’aiment peu ; cela remonte à leur nuit des temps, vingt-deux siècles de heurts et de méfiance entre Aix la Romaine et Marseille la Grecque. Et puis, Marseille n’a jamais « digéré » qu’Aix soit, un temps, la capitale de la Provence ; Aix n’a jamais aimé que cette grande sœur lui vole la vedette en s’ouvrant sur le monde méditerranéen. Tout cela, nous le savons. Mais le monde a changé. Et ce n’est pas parce que les idées de notre personnel politique changent moins vite que lui qu’il faut s’arc-bouter sur des positions tribales.
La loi constitutive de cette métropole est mal ficelée et elle a été mal présentée. Dès son origine, nous avons compris qu’elle serait contestée et qu’en l’état, il serait difficile de la mettre en application. Néanmoins la loi existe et selon Montesquieu la vraie liberté c’est celle qui s’exerce dans le cadre de la loi. Il y a bien des façons de faire vivre une loi dont la première est de savoir la faire évoluer. Or, le sentiment que nous laissent ces dernières semaines d’affrontement c’est que nous n’avons même pas pris la peine de nous réunir entre élus des Républicains pour éviter le pire, le pire des spectacles que nous avons offerts lundi. Maryse Joissains a attendu trop tard pour présenter son projet aixois. Jean Claude Gaudin a sans doute voulu aller trop vite en faisant convoquer une réunion début novembre. L’histoire tranchera. Mais le débat est désormais vain puisque la seule question qui vaille aujourd’hui c’est : comment en sortir « par le haut » ?
En réalité, c’est : comment permettre à nos différents amis de retisser le lien qui les unit, qui nous unit, depuis tant et tant d’années et que nous n’avons pas le droit de détruire sur l’autel d’une loi que la plupart d’entre nous n’ont pas voulu, n’ont pas voté. Si nous ne retrouvons pas le chemin du dialogue, chacun l’a bien compris, le « concours des recours » va se rouvrir. Et la métropole quittera sa chrysalide dans les pires conditions qui soient. J’aimerais que nous ayons tous bien conscience de nos responsabilités : les actes que nous conduisons, les mots que nous proférons, c’est au nom de nos concitoyens que nous le faisons. Ce ne sont pas nos destins personnels qui doivent guider nos actions. C’est à l’intérêt général de primer sur le particulier, pas l’inverse.
Dans cet esprit, je ne vois qu’une solution, douloureuse peut être mais on ne peut pas sortir de ce guêpier sans « casser quelques œufs ».

Il nous faut des États Généraux de tous les élus des Républicains et leurs alliés sur la métropole.

Il nous faut un serment, une Charte,  un document écrit au terme d’un« conclave républicain » qui nous rassemble enfin, sans que quiconque ait à perdre sa vision du combat à conduire.

Un combat en commun et non plus un combat les uns contre les autres. Il nous faut une initiative, un lieu d’assemblée emblématique et neutre, une volonté nouvelle de tous, de se parler à nouveau et de dire au peuple de la métropole : « nous valons bien mieux que le spectacle affligeant qui vous fut offert. Ensemble nous allons vous le prouver ».
En un mot, il faut se ressaisir. Il faut rendre l’espoir. Il faut transformer ce cauchemar politique en un destin collectif. Il nous faut réaliser un effort sur nous-mêmes. Et il faut aller vite.

Comme le disait Stéphane Hessel : Indignons-nous. Et agissons.